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Mobilités à Bordeaux Métropole : bricolage à court terme, absence de vision à long terme

  • Photo du rédacteur: Mickaël Baubonne
    Mickaël Baubonne
  • 4 juil.
  • 4 min de lecture

Communiqué du 03/07/2025 - Bordeaux Métropole réunit ses élus pour un séminaire sur les mobilités, censé tirer le bilan du mandat et se projeter vers 2040. Mais comment prétendre « anticiper » en repoussant sans cesse les décisions structurantes ? Penser la ville de demain, c’est agir dès aujourd’hui. Car cette ville devra fonctionner en 2030, en 2040… et bien au-delà. Et c’est maintenant que tout se joue.

Une trajectoire revue à la baisse, sans débat

Ce séminaire marque surtout une inflexion brutale : une révision à la baisse des ambitions urbaines et démographiques. La trajectoire retenue aujourd’hui n’est plus celle défendue il y a cinq ans par l’a’urba, ni celle du PLU 3.1, ni celle du schéma des mobilités voté en 2021. Et pourtant, l’a’urba écrivait noir sur blanc dans ses propres projections : ⁠« Forte de ces grands projets attractifs, il est probable que la population de la Métropole continue d’augmenter pour atteindre près de 900 000 habitants à l’horizon 2030, voire 1 million à l’horizon 2035/2040. » Aujourd’hui, la même agence ne miserait plus que sur 915 000 habitants… en 2040 !


Le résultat d’un énième renoncement

Comment expliquer que les probabilités valant jusqu’à aujourd’hui deviennent soudainement improbables ? Une seule explication sérieuse : on a renoncé. Renoncé à accompagner la dynamique. Renoncé à garantir un haut niveau de services. Renoncé à investir dans les infrastructures. Renoncé aussi à diminuer au-delà de l’épaisseur du trait la part modale de la voiture. Ce n’est pas une inflexion raisonnée. C’est un refus d’obstacle. On révise la trajectoire à la baisse pour ne pas avoir à reconnaître l’échec du présent. On fait en sorte que Bordeaux ne fasse plus rêver. On a tout mis en œuvre pour que sa qualité de vie ne séduise plus. Et donc, qu’on puisse ralentir. Mais ce pari est dangereux. D’abord car, s’il se réalise, ça signifie priver les Bordelaises et les Bordelais d’opportunités nouvelles et de services nouveaux, grâce à des dotations et à des contribuables plus nombreux. Ensuite car, si Bordeaux continue d’attirer malgré tout, alors nous serons à nouveau pris de court. 


Des projections ignorées, des choix incohérents

L’étude Artelia sur le métro est claire : dans le scénario prospectif intermédiaire, +120 000 habitants sont attendus à l’horizon 2040. Ce n’est pas une hypothèse extrême, c’est le scénario central. Et pourtant, la Métropole continue de bricoler. Elle célèbre un hypothétique « processus en route » de baisse de la part de la voiture. Mais celle-ci ne diminue plus réellement. Ceux qui pouvaient changer leurs habitudes l’ont déjà fait. Pour les autres, il n’existe aucune alternative crédible : réseau trop lent, trop saturé, trop imprévisible.


Des analyses biaisées ?

Pire : certains discours s’appuient sur une baisse drastique de la mobilité. Une lecture probablement tirée de l’enquête ménage-déplacements de 2021, réalisée dans un contexte post-Covid encore fortement atypique. Est-il raisonnable de fonder une stratégie à 15 ans sur des comportements de crise ? Et quand bien même la mobilité individuelle se tasserait, les besoins de déplacement, eux, continuent de croître du seul fait de la croissance démographique. L’a’urba le rappelait déjà dans ses analyses et projections de la métropole bordelaises en 2030, où elle projetait une métropole à 950 000 habitants, une mobilité individuelle en baisse par rapport à 2017. De telles données lui permettaient d’annoncer 875 000 voyages par jour sur le réseau TBM en 2030, soit 225 000 de plus que ce qui est désormais projeté aujourd’hui… et pour 2040. Ce n’est pas un ajustement, mais un renversement de tendance, bien éloigné de la réalité vécue par les usagers.


Un réseau à bout de souffle pour des usagers à bout de nerfs

La fréquentation du réseau TBM explose, mais elle n’est pas maîtrisée puisqu’elle n’a jamais été anticipée. Résultat : des trams bondés, des trajets rallongés, une fiabilité dégradée. Les centaines de millions d’euros englouties chaque année par le réseau n’ont rien changé au quotidien des usagers. TBM court après la demande, sans jamais la rattraper. Et demain ? Même seulement 100 000 déplacements supplémentaires par jour suffiraient à paralyser un réseau déjà à bout de souffle pour des usagers. Et malgré cela : pas de plan, pas de calendrier, pas de solution structurante. Et surtout : pas de métro. Il faudra se contenter de bus. De bus que les décideurs ne prennent pas, pas plus que le tramway. Rappelons quand même que la métropole se vante aujourd’hui de voir les premiers signes de saturation de son bus pas très express G ! Dans ces circonstances, il n’est pas raisonnable pour préparer 2040 de faire confiance aux visionnaires à la manœuvre !  


Refuser le métro, c’est refuser l’avenir

Le refus obstiné d’envisager le métro comme levier structurant en dit long. On préfère s’enliser dans des solutions de surface déjà saturées, coûteuses à exploiter, qui aggravent les conflits d’usage sans répondre aux besoins. Même sans les 200 000 déplacements supplémentaires initialement attendus, les besoins actuels suffisent à justifier un métro. Il est urgent de défendre les usagers. Le métro, ce n’est pas juste un moyen de transport. C’est un levier de transformation urbaine. C’est la clé d’une ville plus fluide, plus verte, plus vivable. Une ville avec moins de bruit, moins de stress, moins de temps perdu. Une ville qui respecte ses habitants. Refuser cette option, ce n’est pas faire preuve de prudence. C’est renoncer à transformer la ville en profondeur.


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